Vote du concours d’écriture 2019

Vote du concours d’écriture

Nous avons lancé un concours d’écriture sans thème, début septembre. Les dernières œuvres sont bien arrivées le 2 décembre. Merci encore pour vos participations. Nous sommes très fiers des résultats. Ils ont largement dépassé nos attentes.

Après une semaine de lecture, nous avons le plaisir de vous annoncer les quatre textes présélectionnés :

Donnez votre avis à propos de ces articles et soutenez l’auteur de votre œuvre préférée en prenant part au vote jusqu’au 23 décembre.

Pour ceux qui n’en font pas partie : le meilleur reste encore à venir. Nous vous encourageons vivement à reparticiper la prochaine fois.

Lettre à ma future belle-mère – Concours d’écriture 2019

Chère future mère,

M’accepteriez-vous comme épouse pour votre fils ?

C’est avec une grande humilité que je vous ai écrit cette longue lettre, afin de dissiper vos réticences quant à mon futur mariage avec votre fils. Avec tous mes respects à votre égard, je vous invite aimablement à la lire jusqu’au bout.

Sachez tout d’abord, que vous ne me connaissez pas assez pour pouvoir me juger. Dis-moi qui est ton ami et je te dirais qui tu es, direz-vous. Vous m’avez vu évoluer avec mon entourage. Mais vous ne m’avez pas observée. Oui, vraiment observée pour déduire mes traits de caractère. Mon grand-père m’avait dit de bien m’entourer pour réussir dans la vie. Alors ne soyez pas étonnée du choix de mes amis.

Je me suis liée d’amitié avec cette fille qualifiée de fêtarde et immature par tout le monde. On ne vit qu’une fois. Alors, elle est là pour me rappeler ma jeunesse éphémère. Elle me fait découvrir l’univers en dehors des études et du travail. Alors ne la jugez pas sans connaître son histoire. Et ne me jugez pas non plus sur mes apparitions à ses côtés lors de nos sorties nocturnes. Je suis son amie, car aucune autre ne voudra l’être. Je me suis engagée à la protéger, car aucune autre ne le fera. Je suis là pour l’aider et la garder en sécurité lorsqu’elle ressent l’envie d’échapper à ses problèmes. Et je sais qu’elle en fera de même pour moi. Je l’ai choisie, car elle apporte un grain de folie à ma vie. Elle est ma source de joie de vivre comme je suis la sienne.

Vous me direz qu’une personne ayant une grande propension à s’amuser n’apporte rien de bon à la vie. Rassurez-vous, car je suis amie aussi avec celle que tout le monde qualifie de rabat-joie. Voyez-vous, cette amie est là pour me ramener à la raison. Elle est là pour me garder dans le droit chemin en cas de dérapage. Elle ne me laissera pas errer sans direction dans la vie. Et j’en ferais de même pour elle. Elle est le rempart m’empêchant de tomber dans les folies de la jeunesse et je suis le sien.

Vous avez remarqué mes amis pauvres. Vous désapprouvez nos liens d’amitié. Pourtant, ils sont là pour m’apprendre la valeur de l’argent. Ils m’ont appris l’existence de services et de soutien impossible à obtenir avec la richesse. Ils m’ont ouvert les yeux sur la valeur humaine. Vous condamnez ces jeunes gens gravitant autour de moi. Mais ouvrez vos yeux, et vous verrez en eux les frères que je n’ai jamais eus.

Vous m’avez laissé entendre votre préférence pour une belle-fille ambitieuse. J’y ai compris, dans cette expression détournée, votre mépris de me voir rester à la maison. Mais devoir rester à la maison, ne fait pas de moi une fainéante. Mes parents m’ont envoyé à l’école. Mon père a dépensé une fortune pour mes études afin que je puisse égaler n’importe quel homme sur cette terre. Alors ne vous faites pas de mauvais sang, car jamais je ne vivrais aux crochets de votre fils. Mais si aujourd’hui, je ne travaille pas encore, c’est parce que mes ex-futur-employeurs n’ont pas su lire en moi. Ils n’ont pas pris la peine de me connaître. Car voyez-vous, pendant les trente minutes de mon entretien, ils ne m’ont pas posé les bonnes questions. Ils ont eu en main mon curriculum vitae, je dois dire moins éclatant et moins garni que ceux des autres. Je n’avais pas fréquenté les bonnes écoles selon eux. Mais s’ils avaient su que la notoriété de l’établissement ou même le degré de diplôme obtenu ne définissent pas les compétences et l’intégrité d’une personne, peut-être m’auront-ils engagé.

Ma mère ne m’a pas appris à me taire, car je suis une femme. Elle m’a encouragé à exprimer mes opinions haut et fort. Alors, quand on me réduit à ma seule condition de femme, je dis non. Ma situation matrimoniale, mes nombres d’enfants et même, mes futurs enfants constituent des obstacles majeurs pour mon futur employeur. Je connais leur raison et je comprends leurs incertitudes. Mais je trouve cela injuste. En outre, comment pourrais-je travailler pour contribuer au profit d’une société sans que mon labeur soit récompensé ? Alors ne vous étonnez pas si je reste à la maison pour réaliser mes propres rêves, au lieu de concrétiser ceux des autres.

Vous vous demandez sûrement pourquoi votre fils ? Il a le mérite de m’aimer. Et je l’aime. Mais il n’est pas question d’amour seulement. L’amour seul ne m’aurait pas décidé à l’épouser. Avec l’amour, viennent le respect, la tolérance et tous les autres sentiments. Mais si l’amour disparaissait, que resterait-il ? Rien. Tout ce que l’amour aura apporté, partira avec elle. Votre fils m’a respecté avant de m’aimer. Il a une haute considération pour moi. En tant que femme, mais aussi en tant que son égale. Alors si un jour, il cessera de m’aimer, il me restera toujours son respect et son estime pour moi.

Le mariage ne repose pas seulement sur l’amour. Mes parents me l’ont expliqué, mais je n’avais pas compris alors. Il se fonde surtout sur le respect, la tolérance et la fidélité. Il se forge par les décisions communes. C’est pour cela que mon choix se porte sur votre fils. Nous ne possédons pour l’instant rien de valeureux. Mais c’est sur cela que repose notre avenir ensemble. Nous allons construire petit à petit notre foyer à partir de nos propres moyens et de nos propres efforts. Nous bâtirons ensemble notre maison, notre jardin et nous choisirons même ensemble la couleur de nos salles de bains. Ces décisions conjugales sont importantes. Même les plus insignifiantes comptent car elles cimentent et renforcent le lien entre un mari et sa femme. Un mari peut quitter sa femme facilement s’ils n’ont rien construit ensemble. Car leur lien ne sera pas assez solide. Mais il lui sera difficile de quitter une femme avec qui il a fondé un foyer solide, forgé par des années de décisions communes basées sur leurs désirs communs.

Au terme de cette lettre, j’ose espérer que vous me connaissiez mieux maintenant. Observer de loin ne vous aidera pas à voir au-delà des apparences. N’écoutez pas non plus les murmures des autres. Venez me parler et écoutez ce que j’ai à dire. Vous aurez votre propre opinion sur ma personne au lieu d’adopter celle des autres.

Alors, je vous repose la question : me jugeriez-vous digne d’épouser votre fils ?

Votre humble et dévouée future belle-fille

Anita ZOHARINIAINA

Extrait des critiques littéraires :

« Une œuvre qui choisit l’honnêteté. On se dit que c’est une histoire proche du vécu de l’auteure ou d’une personne qu’elle connaît bien. »

Yves Lanthier et Mireille Ratsimbarivelo